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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/378

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d’eau, les Charpentiers Chinois la trouvèrent aussi dangereuse qu’on l’avoit représentée, d’où ils conclurent qu’il étoit impossible que le Centurion se mît en mer, avant que d’être radoubé, et le Mandarin témoigna qu’il étoit convaincu de la vérité de tout ce qui étoit contenu dans la Lettre du Commandeur. Comme cet Officier Chinois étoit l’homme le plus intelligent de tous ceux de sa Nation, que nous ayions соnnu, il se montra aussi plus curieux que les autres, et examina toutes les parties de notre Vaisseau, avec une très grande attention. Il parut surpris sur-tout de la grandeur des pièces de notre Batterie d’embas, et de la grosseur et du poids des Boulets. Le Commandeur saisit cette occasion, pour insinuer au Chinois qu’il seroit sagement de lui faire fournir promptement tout ce dont il avoit besoin. Il dit au Mandarín, qu’outre les demandes qu’il avoit faites, il avoit encore des plaintes à faire en particulier, de la conduite des Douaniers de Macao : qu’à son arrivée des Bateaux Chinois lui avoient fourni des rafraichissemens dont il avoit un besoin journalier, et qu’il avoit fait payer au contentement des Vendeurs ; mais que ceux de la Douane de Macao avoient d’abord défendu ce commerce, par où il s’étoit trouvé privé d’un secours dont ses Gens avoient un besoin pressant, pour le rétablissement de leur santé, après un voyage si long et si pénible. Il ajouta que les Mandarins étoient eux mêmes témoins de la nécessité où il se trouvoit réduit, et de la force de son Vaisseau ; qu’ils ne devoient pas croire que ce fût par sentiment de sa foiblesse, qu’il demandoit une permission du Gouvernement, pour se fournir de ce qui lui étoit nécessaire ; qu’il les croyoit bien convaincus que le Centurion seul étoit capable de détruire tous les Bâtimens, qui se trouvoient dans la Rivière de Canton, ou dans tel autre Port de la Chine, sans avoir rien à craindre de toutes leurs Forces. Il convint qu’un pareil procédé ne seroit pas convenable entre Nations amies, mais il fit remarquer aussi qu’il ne convenoit guère de laisser périr de misère ses amis dans ses Ports, sur-tout quand ces amis ne demandoient pas mieux que de payer ce qu’on leur livreroit. Il représenta que lui et ses Gens s’étoient conduits avec toute la modestie et la discrétion possibles, mais que la faim pourroit devenir si pressante pour eux qu’elle mettroit fin à tous leurs égards ; qu’on savoit en tout Païs, que la nécessité ne reconnoit pas de loix ; et qu’enfin ses Gens se lasseroient de jeûner au milieu de l’abondапсе, que leurs yeux voyoient de tous côtés. Il finit par dire d’un air moins sérieux, qu’en cas que la faim forçât ses Gens à devenir Canniba-