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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/380

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Chinois ne fit pas moins d’honneur qu’au vin. On se leva enfin de table, en apparence, aussi froid et aussi tranquille qu’on s’y étoit mis, et le Commandeur ayant, selon la coutume, fait un présent au Mandarin, ces Messieurs s’en retrournèrernt dans les mêmes Vaisseaux qui les avoient amenés.

Le Commandeur, depuis leur départ, attendit avec impatience, le résultat du Conseil et les permissions nécessaires, pour le radoub et l’avitaillement du Vaisseau ; car on voit par tout ce que nous avons déjà dit, que nous ne pouvions rien avoir pour notre argent, et qu’aucun Ouvrier n’osoit s’engager à travailler pour nous, avant que ces permissions fussent obtenues. C’est dans de pareils cas que la sévérité des Mandarins Chinois paroit dans tout son jour ; car, malgré les éloges pompeux des Missionnaires Jésuites et des Auteurs qui ont eu la facilité de les copier, ces Magistrats sont paitris du même limon que les autres hommes, et se servent de l’autorité que leur donnent les Loix, non pour empêcher le crime, mais pour s’enrichir des dépouilles de ceux qui le commettent. Les peines capitales sont rares à la Chine ; la poltronnerie naturelle à la Nation et leur attachement à l’intérêt, y réduit presque toutes les punitions à des amendes ; et c’est sur cet usage que sont fondés les revenus les plus clairs de ceux qui y composent les Tribunaux. Aussi rien n’est plus en mode dans ce Païs, que des prohibitions de toute espèce, mais sur-tout dans les cas, où la vue d’un grand profit peut tenter les particuliers d’enfraindre les ordonnances.

Quelque tems avant celui dont je parle à présent, le Capitaine Saunders étoit parti à bord d’un Vaisseau Suédois, pour retourner en Europe, chargé des dépêches du Commandeur. Peu de tems après, dans le mois de Décembre, le Capitaine Mitchel, le Colonel Cracherode, Mr. Tassel un de nos Commissaires d’avitaillement, et Mr. Charles Herriot, son Neveu, s’embarquèrent pour retourner en Angleterre, sur des Vaisseaux de notre Compagnie des Indes. J’obtins du Commandeur la permission de m’en retourner aussi, et partis avec eux. J’ai oublié de rapporter ci-devant que nous avions appris à Macao, de quelques Officiers de notre Compagnie, que la Séverne et la Perle, ces deux Vaisseaux, qui s’étoient séparés de nous, à la hauteur du Cap Noir, étoient arrivés heureusement à Rio Janeiro, sur la Côte du Brézil Nous les avions crus perdus : car nous savions que la Séverne en particulier, n’avoit presque que des Malades à bord ; et il avoit été facile de le remarquer ; саг au commencecement, le Capitaine Legg, qui commandoit ce Vaisseau, étoit d’une