Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/382

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ce à lui même, si on lui refusoit, triompha de tous ces obstacles ; car le б de Janvier, le Gouverneur de Janson, qui étoit le premier Mandarin de ceux que nous avions eus à bord, envoya la permission du Viceroi de Canton, pour le radoub du Centurion, et pour tout ce dont nos Gens avoient besoin. Dès le lendemain plusieurs Serruriers et Charpentiers Chinois vinrent à bords et offrirent d’entreprendre en bloc, tout l’ouvrage qu’il y avoit à faire au Vaisseau, aux Mâts et aux Chaloupes. Ils demandèrent d’abord, mille livres sterlings. Le Commandeur trouva cette somme exhorbitante, et s’efforça de les porter à travailler à la tâche ; mais ils n’en voulurent pas entendre parler. Enfin, il fut convenu que les Charpentiers auroient pour tout ce qu’ils avoient à faire, environ six cens livres sterlings ; et que les Serruriers seroient payés de leur ouvrage au poids, à raison de trois livres sterlings le quintal, pour les menues ferrailles, et quarante-six chelins pour les grosses.

Ce marché fait, Mr. Anson donna toute son attention à hâter l’ouvrage le plus important, je veux dire la carène du Vaisseau. Pour cet effet le prémier Lieutenant fut envoyé à Canton, роur у louer deux Jonques Chinoise, l’une pour servir à mettre le Vaisseau sur le côté ; l’autre pour y serrer notre poudre et le reste de nos Munitions de guerre. En même tems on nettoya et applanit le terrain sur une des Iles voisines, pour y placer l’Attirail et les Provisions, et près de cent Calfats Chinois se mirent à travailler sur les ponts et les côtés du Vaisseau, mais n’avancèrent pas à proportion de leur nombre ; car quoique les Calfats Chinois travaillent bien et proprement, ils ne sont nullement expéditifs. Les Jonques n’arrivèrent que le 26 de Janvier ; et les matériaux nécessaires, qui devoient venir de Canton, s’expédioient fort lentement, autant par les délais des Marchands Chinois, que par la distance des lieux. Pour surcroit de chagrin, Mr. Anson découvrit que son Mât de Misaine étoit tout-à-fait rompu, au-dessus des barrots du second pont, et que les pièces n’en tenoient ensemble, qu’au moyen des Jumelles qu’on y avoit mises auparavant.

A l’égard de l’Equipage du Centurion, il faut avouer qu’il employa bien son tems, et qu’il travailla avec toute l’ardeur imaginable. Comme en nettoyant le Vaisseau, les Charpentiers eurent occasion de parvenir jusqu’à la voie d’eau, ils la bouchèrent soigneusement, pendant qu’on faisoit les préparatifs nécessaires pour les autres travaux. Cette voie se trouvoit au-dessous de la ligne de quinze pieds et venoit de ce qu’une cheville