Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/384

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main matin, il étoit parti de cette Ville plusieurs Chaloupes pour ces Bâtimens. Pour donner plus de crédit à ses avis, il déclara qu’il ne vouloit point de récompense, s’ils ne se trouvoient pas confirmés par l’évènement. Оn crut d’abord que c’étoit l’expédition, dont je viens de parler ; et le Commandeur fit sur le champ mettre dans le meilleur état possible, le Canon et la Mousquetterie. La Pinasse et le Canot étoient sortis du Port, pour examiner un Vaisseau Portugais, qui mettoit à la voile, et Mr. Anson fit savoir aux Officiers qui les commandoient, l’avis qu’il avoit reçu, et leur ordonna d’avoir l’œil au guet. Mais rien ne parut, et on vit bientôt que ces avis n’étoient que fictions ; quoiqu’il fut assez difficile de deviner ce qui avoit induit ce Chinois à se donner la peine de forger ce mensonge.

Le mois d’Avril arriva avant que le radoub, le chargement des Provisions, et l’équipement du Vaisseau, tel qu’il pût mettre en Mer, fussent achevés. Les Chinois s’ennuioient de ces longueurs, ignorant ou feignant d’ignorer que le Commandeur étoit aussi pressé qu’eux de finir : le 3 d’Avril, deux Chaloupes, envoyées par des Mandarins de Macao, vinrent à bord, pour presser le départ du Vaisseau. De pareils messages avoient déja été faits plusieurs fois, quoique la conduite de Mr. Anson ne les rendît surement pas nécessaires : il répondit à ce dernier d’un ton ferme, qu’il prioit ces Messieurs de ne plus l’importuner sur ce sujet ; qu’il partiroit quand il le jugeroit à propos, et pas plutôt, Sur cette réponse sèche, les Magistrats Chinois, ne pouvant faire pis, défendirent qu’on portât plus de Vivres à nos Gens, et cette défense fut parfaitement bien observée.

Le 6 d’Avril, le Centurion leva l’ancre du Port de Typa, et se fit touer vers le Sud ; le 15 il gagna la Rade de Macao, completttant sa Provision d’eau, tout en chemin faisant ; desorte qu’ il ne restoit presque plus rien à faire, et ce peu étant fini, on leva l’ancre, le 19 à trois heures après-midi, et l’on fit voiles vers la haute Mer.