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geant bientôt, nous ramena à Ste. Hélène, non sans danger, et même deux Vaisseaux de Transport, s’abordèrent en virant et s’endommagèrent. Nous fimes encore dans la suite deux ou trois autres tentatives aussi inutiles, et le 6 de Septembre, étant revenu à l’Ancre à Ste. Hélène, le Vent devint si violent que toute la Flotte fut obligée d’amener les vergues et les mats de Perroquet, de peur de chasser sur les Ancres. Cette précaution n’empêcha pas même que le Centurion ne chassât sur ses Ancres, le soir suivant, et nous fumes en grand danger de dériver sur le Prince Frédéric de soixante et dix pièces qui étoit à l’Ancre à peu de distance de notre Arrière ; par bonheur ce Vaisseau dériva aussi, et par-là nous en restames à la même distance. Cependant nous ne nous crumes hors de péril, que lorsque nous eumes laissé tombé notre grande Ancre, ce qui nous sauva heureusement.

Le 9 de Septembre nous eumes quelque espoir de délivrance, par un ordre que Mr. Anson reçut des Lords Régens de partir à la première occasion avec son Escadre seule, en cas que Mylord Cathcart ne fût pas prêt. Ainsi délivré de l’incommode compagnie d’une si grande Flotte, notre Chef d’Escadre résolut de lever l’Ancre et de travailer à sortir du Canal, à la faveur des Marées, dès que le Vent plus modéré le permettroit. C’est ce que nous aurions pu faire facilement deux mois auparavant avec notre Escadre seule, si les ordres que l’Amirauté avoit donnés pour nous fournir des Matelots avoient été exécutés, et si nous n’avions eu à souffrir les autres délais que nous avions rapportés ci-dessus. A la vérité ces espérances d’un prompt départ diminuèrent bientôt, par l’ordre que Mr. Anson reçut le 12 de Septembre par où il lui étoit enjoint de prendre sous son convoi, le St. Albans et la Flotte de Turquie de joindre à Torbay ou à Plimouth, le Dragon et le Winchester et les Flottes qui alloient au Détroit et en Amérique ; et de leur faire compagnie aussi longtems que nous ferions même route. Cette gêne d’un Convoi nous fit de la peine, et nous donna lieu de craindre que notre cours jusqu’à Madère n’en fut retardé. Cependant Mr. Anson, se trouvant Commandant en Chef, résolut de s’en tenir à son prémier projet, de tâcher de sortir du Canal, à la faveur des Marées, à la première occasion  ; et pour gagner du temps, il écrivit à Torbay, afin que les Flottes, qu’il devoit y recevoir sous son Convoi, se tinssent prêtes à le joindre sans délai dès qu’elles le verroient approcher. Enfin le 18 de Septembre, il partit de Ste. Hélène, et quoique le vent fût d’abord contraire,