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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/40

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il eut le bonheur de sortir du Canal en quatre jours, comme nous le dirons dans le Chapitre suivant.

Par tout ce que nous avons rapporté de la manière dont on s’y prit pour l’équipement de notre Escadre, il paroit clairement que notre Expédition peut être considérée sous deux point de vues fort différens, celui qu’elle avoit au commencement de Janvier, où elle avoit été d’abord fixée, et celui qu’elle eut à la fin de Septembre, que nous sortimes du Canal ; pendant cet intervalle de tems, nous vimes diminuer par plusieurs accidens, notre nombre, nos forces, et la probabilité du succès. Au lieu de voir remplacer nos vieux et chétifs Matelots, par d’autres plus jeunes et plus habiles, et d’avoir nos Equipages complets, jusqu’à un nombre suffisant, comme on l’avoit d’abord promis à notre Chef d’Escadre, nous fumes obligés de nous contenter des gens que nous avions, tels qu’ils étoient ; Et pour tout renfort, au lieu de trois cens hommes qui nous manquoient, on nous en envoya cent soixante et dix, la plupart tirés de l’Hopital, ou Recrues de Marine qui n’avoient jamais entré dans un Vaisseau. Nous fumes encore plus mal partagés du coté des Troupes de débarquement ; nous devions avoir le Régiment de Bland qui étoit un vieux Corps, et trois Compagnies Indépendantes de cent hommes chacune, et nous eumes en tout quatre cent soixante et dix Invalides, ou nouvelles Recrues de Marines, les uns incapables de service, par l’age et les infirmités, et les autres inutiles parce qu’il ne savoient rien de ce qu’ils devoient faire. Notre plus grand mal ne vint pourtant pas du manque de forces, causé par tous ces changemens, mais les disputes et les difficultés qu’ils occasionnèrent, et que toute l’autorité de l’Amirauté ne put faire finir à tems, causerent un délai dont les désastre qui nous accompagnèrent furent la suite. Car c’est ce qui nous obligea à doubler le Cap Horn dans la plus dangereuse saison de l’année ; delà la dissipation de notre Escadre, la perte de notre monde, et le danger que nous courumes d’y périr. Ce n’est pas tout ; ces délais donnèrent à l’ennemi le tems de se mettre si bien au fait de nos projets, qu’une personne, employée par la Compagnie du Sud et qui venant de Panama, arriva à Porstmouth, trois ou quatre jours avant que nous en partissions, dit à Mr. Anson tout ce qu’il y avoit de plus important touchant nos Forces et notre destination ; Et toutes ces particularités, il les avoit apprises des Espagnols avant qu’il les quittât. Une circonstance fort singulière fait encore mieux voir, combien ces derniers