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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/404

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CHAPITRE IX


Ce qui arriva à nos Gens dans la Rivière de Canton.


Le Commandeur, ayant pris à bord des Pilotes Lamaneurs, continua sa route vers la Rivière de Canton, et le 14 de Juillet, il laissa tomber l’ancre, en deça de Bocca Tigris, qui est un passage étroit, qui forme l’embouchure de cette Rivière. Son dessein étoit d’entrer le lendemain dans ce passage, et de remonter jusqu’à l’Ile du Tigre, où il y a une Rade fort sûre, à couvert de tous les vents. Mais, pendant que le Centurion et sa Prise étoient là à l’ancre, une Chaloupe Chinoise vint de la part du Mandarin qui commandoit les Forts de Bocca Tigris, examiner ce que c’étoit que ces deux Vaisseaux, et s’informer d’où ils venoient. Mr. Anson dit à l’Officier, qui commandoit cette Chaloupe, que le Centurion étoit un Vaisseau de guerre, du Roi de la Grande-Bretagne ; et que l’autre Vaisseau étoit une Prise, qu’il avoit faite ; qu’il alloit dans la Rivière de Canton, chercher un abri contre les Ouragans, qu’on avoit lieu d’attendre dans cette saison, et qu’il repartiroit pour l’Angleterre dès que la Mousson favorable viendroit. L’Officier Chinois demanda un état des hommes, des armes et des autres munitions de guerre que nous avions à bord, dont il falloit, disoit-il, envoyer une liste au Gouvernement de Canton. Mais dès qu’il eut entendu qu’il y avoit dans le Centurion, quatre cens fusils et trois à quatre cens Barils de poudre, il haussa les épaules, et parut effraié du seul récit : il dit que jamais il n’entroit dans la Rivière de Canton de Vaisseaux armés de cette manière, et ajouta, qu’il n’osoit coucher ces articles sur sa liste, de peur qu’ils ne donnassent l’alarme à la Régence. Après qu’il eut fini toutes ces questions, et comme il se préparoit à s’en retourner, il proposa de laisser à bord deux Officiers de la Douane ; sur-quoi le Commandeur lui dit, que quoiqu’en qualité de Commandant d’un Vaisseau de Sa Majesté, tout Commerce lui fût défendu, qu’il n’eût rien à démêler avec la Douane et qu’il ne fût soumis à aucun impôt, il vouloit bien, pour la satisfaction des Chinois, permettre qu’ils laissassent à bord deux de leurs Gens, qui seroient témoins de l’exactitude avec laquelle il se conformoit à ses Instructions. Le Chinois parut surpris, lorsque Mr. Anson dit qu’il étoit exemt de