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cevoir les ordres de l’Empereur, dans une circonstance toute nouvelle à la Chine.

Après que ces Mandarins se furent aquittés de cette commission, ils commencèrent à parler au Commandeur des droits qu’ils prétendoient que ses Vaisseaux devoient payer : mais il leur répondit d’abord qu’il ne se soumettroit jamais à rien de pareil : que comme il n’avoit point apporté de Marchandises dans leurs Ports, et qu’il ne vouloit pas en emporter, il ne pouvoit aucunement être compris dans le cas des loix de la Chine sur ce sujet, qui n’avoient certainement en vue que les Vaisseaux marchands. Il ajouta qu’on n’avoit jamais exigé de droits des Vaisseaux de guerre, dans les Païs où l’on étoit accoutumé à en recevoir dans les Ports, et que les ordres de son Maître lui défendoient bien expressément d’en payer aucuns, dans quelque endroit que ce fût.

Après cette réponse décisive, les Mandarins reprirent la parole, et dirent qu’ils n’avoient plus qu’un article dans leur commission : c’étoit une prière au Commandeur, de vouloir bien relâcher les Prisonniers, qu’il avoit faits à bord du Galion. Ils ajoutèrent que le Viceroi craignoit que l’Empereur son Maître ne fût choqué, s’il apprenoit que l’on retenoit en prison, dans son propre territoire, des Gens d’une Nation qui lui étoit alliée, et qui faisoit un grand commerce avec ses Sujets. Mr. Anson avoit bonne envie d’être débarassé de ces Espagnols ; dès son arrivée, il en avoit envoyé cent à Macao, et les quatre cens, qui lui restoient encore, lui étoient à charge, à plus d’un égard. Cependant, pour relever le prix de la faveur, qu’il avoit bien dessein d’accorder, il fît d’abord quelques difficultés ; mais il se laissa persuader, et dit aux Mandarins, que pour montrer la disposition où il étoit d’obliger en tout le Viceroi, il relâcheroit ces Prisonniers dès que les Chinois voudroient envoyer des Chaloupes pour les recevoir. Là-dessus les Mandarins partirent, et le 28 de Juillet, deux Jonques vinrent de Canton, pour prendre ces Espagnols, et pour les transporter à Macao. Le Commandeur les laissa tous partir, suivant sa promesse, et ordonna à son Munitionnaire de leur délivrer des Vivres pour huit jours : c’étoit plus qu’il n’en falloit pour ce voyage. Cette affaire étant expédiée, les deux Vaisseaux vinrent ancrer au-dessus de la seconde Barre, où ils devoient rester jusqu’à la Mousson favorable.

En conséquence des ordres émanés du Viceroi, nos Gens ne trouvoient aucune difficulté à se procurer des Vivres, pour leur consomption jour-