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Commandeur tout ce qu’il pouvoit raisonnablement demander. Car ils n’ignoroient pas les dispositions, où étoit Mr. Anson, et il n’étoit pas de la fine Politique Chinoise de l’admettre à l’audience pour contester avec lui. Mr. Anson se prépara donc gayement à cette visite, et sans aucune inquiétude sur le succès qu’elle pourroit avoir, et il engagea Mr. Flint à lui servir d’Interprête en cette occasion : celui-ci s’en aquitta en galant homme, répétant avec beaucoup de hardiesse et sans doute avec exactitude tout ce qui lui étoit dicté, et c’est ce qu’aucun Truchement Chinois n’auroit jamais osé faire.

Au jour marqué, à dix heures du matin, un Mandarín vint dire au Commandeur, que le Viceroi étoit prêt à le recevoir ; sur quoi le Commandeur et sa Suite se mirent en marche. En entrant dans la porte de la Ville, il trouva deux cens Soldats rangés en ordre, qui l’accompagnèrent jusqu’à la grande Place de parade, devant le Palais de l’Empereur, où logeoit le Viceroi. Il y avoit dans cette Place dix mille Hommes sous les armes, et tout vêtus de neuf pour cette cérémonie. Mr. Anson passa au milieu de ce corps de Troupes et fut conduit à la grande Salle d’audience, où il trouva le Viceroi assis dans une Chaire de parade de l’Empereur, sous un riche Dais, et accompagné de tous les Mandarins du Conseil. Il y avoit pour le Commandeur un siège vuide, qu’il occupa ; il étoit le troisième en rang après le Viceroi, n’y ayant au-dessus de lui que le Chef de la Loi et celui de la Trésorerie, qui suivant l’étiquette Chinoise, ont le pas sur tous les Officiers d’épée. Quand le Commandeur fut assis, il adressa la parole au Viceroi, par le moyen de son Interprête, et commmença son discours par le récit des moyens qu’il avoit d’abord employés pour obtenir cette audience, dont il imputoit le peu de succès à l’infidélité de ceux qu’il avoit employés, qui ne lui avoient laissé d’autres moyens de réussir que la Lettre qu’il avoit écrite au Viceroi. En cet endroit, le Viceroi interrompit l’interprête, et lui commanda d’assurer Mr. Anson, que c’étoit par cette Lettre qu’il avoit eu la première nouvelle de son arrivée à Canton, Mr. Anson reprit la parole et dit, que les Sujets du Roi de la Grande Bretagne, commercans à la Chine, lui avoient porté des plaintes des vexations auxquelles ils étoient exposés de la part des Marchands Chinois, et des Commis de la Douane, et auxquelles ils étoient obligés de se soumettre, par la difficulté qu’ils trouvoient à parvenir jusqu’aux Mandarins, qui seuls pouvoient leur faire rendre justice ; qu’il étoit du devoir de lui, Mr. Anson, comme Officier du Roi de la