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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/424

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faires que Mr. Anson eut à y traiter, sont hors du train ordinaire, et propres à donner lieu à quelques réflexions, qui pourront ne pas déplaire au Lecteur ; ce que je me propose de dire aura du moins l’avantage d’être dégagé des préjugés ridicules, dont ont été pleins ceux qui ont eu le plus d’occasion d’examiner l’intérieur de cet Empire.

Le grand nombre de belles Manufactures établies à la Chine, et que les Nations les plus éloignées recherchent avec tant d’empressement, prouve suffisamment que les Chinois sont industrieux ; cependant cette adresse dans les Arts méchaniques, qui paroit être leur talent favori, n’est pas poussé au plus haut point ; les Japonois les surpassent de beaucoup dans les Arts, qu’ils cultivent également les uns et les autres ; et en plusieurs choses, il ne leur est pas possible d’égaler la dextérité et le génie des Européens. Ils sont proprement d’habiles imitateurs de ce qu’ils voyent, mais d’une manière servile, et qui marque médiocrement de génie. C’est ce qui paroit sur-tout dans les Ouvrages qui exigent beaucoup de justesse et d’exactitude, tels que les Horloges, les Montres, les Armes à feu, etc. Ils en copient bien chaque pièce à part, et savent donner au tout assez de ressemblance avec l’Original ; mais ils ne peuvent arriver à cette justesse dans la fabrique, qui produit l’effet auquel la Machine est destinée. Si de leurs Manufacturiers nous passons à des Artistes d’un ordre plus relevé, tels que Peintres, Statuaires, etc. nous les trouverons encore plus imparfaits. Ils ont des Peintres en grand nombre, et ils en font beaucoup de cas ; cependant ils réussissent rarement dans le Dessein et dans le Coloris, pour les figures humaines, et entendent aussi peu l’art de former des groupes : il est vrai qu’ils réussissent mieux à peindre les fleurs et les oiseaux ; ce qu’ils doivent même plutôt à la beauté et à l’éclat de leurs couleurs, qu’à leur habileté : car on y trouve ordinairement fort peu d’intelligence dans la manière de distribuer les jours et les ombres, et encore plus rarement cette grace et cette facilité qu’on voit dans les ouvrages de nos bons Peintres Européens. Il y a dans toutes les productions du Pinceau des Chinois, quelque chose de roide et de mesquin qui déplaît : et tous ces défauts dans leurs Arts peuvent fort bien être attribués au caractère particulier de leur génie, qui manque absolument de feu et d’élévation.

A l’égard des Sciences, même à ne consulter que les Auteurs qui nous ont représenté cette Nation dans le jour le plus favorable, il faut convenir que son obstination et l’absurdité des ses opinions sont inconceva-