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soixante brasses d’eau, fond de sable mêlé de coquilles brisées. Le Tryal, qui nous devançoit, eut une fois trente-sept brasses qui allèrent ensuite en augmentant jusqu’à quatre-vingts dix : après quoi il ne trouva plus de fond, ce qui nous arriva aussi, quand nous sondames pour la seconde fois, quoique la ligne de notre sonde fût de cent cinquante brasses. C’est là le banc qui est désigné dans la plupart des Cartes par le nom d’Abrollos : il y a lieu de supposer que nous n’en avions passé que les bords ; peut-être vers le milieux est-il dangereux. Nous étions alors selon nos différentes estimes de quatre-vingts dix à soixante lieues à l’Est de la côte du Brézil. Le surlendemain nous helames un Brigantin Portugais, qui alloient de Rio de Janeiro à la Baye de tous les Saints. L’Equipage nous dit, que nous étions à trente-quatre lieues (a)[1] du Cap St. Thomas, et à quarante lieues du Cap Frio, qui nous restoit à l’Ouest-Sud-Ouest. Par nos estimes nous devions être à-peu-prés à quatre-vingts lieues du Сар Frio ; et quoique nous changeassions de route, en conséquence des informations du Brigantin, et portassions davantage au Sud, nous fumes convaincus dans la suite, en arrivant à la côte, que le résultat de nos calculs avoit été plus juste que le rapport des Portugais. Après avoir passé le 16 degré de Latitude Méridionale, nous trouvames un Courant violent, allant vers le Sud. Ce Courant suit la côte du Brézil, et s’étend même jusqu’au Midi de la rivière de la Plata faisant quelquefois jusqu’á trente milles en vingt-quatre heures, nous trouvames même qu’il avoit fait une fois au-delà de quarante milles durant ce même intervalle. Si ce courant, comme il y a lieu de le croire, est causé par le mouvement de l’eau qui poussée et accumulée sur la côte du Brézil par le vent alisé, qui vient de la mer d’Ethiopie, cherche à s’échapper, on peut naturellement supposer, que la direction en est déterminée par le gisement de la côte. La même remarque seroit peut-être applicable à tous les autres Courans ; car je doute qu’on puisse produire quelque exemple de courans considérables à une grande distance des terres. Si l’on pouvoit poser ceci pour un principe, il seroit toujours facile de corriger l’estime par la Latitude observée. Mais il seroit à souhaiter pour le bien général de la Navigation, que les vraies directions des différens courans, qui sont connus, fussent examinés avec plus d’exactitude et de soin qu’on n’a fait jusqu’à présent.

L’impatience de voir terre commençoit à nous prendre, tant pour le

  1. Les lieues dont il est parlé ici et dans le reste de cet Ouvrage sont de 20 au degré.