Page:Wanda - La femme au doigt coupé, 1886.djvu/15

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Je vous prierai même de dire, de ma part à ceux qui vous ont envoyée que je sortirai d’ici, de gré ou de force, foi de Ben, et qu’une fois libre, je leur conseille de prendre garde à eux. On ne séquestre point à Monterai les citoyens paisibles, et je ne sortirai d’ici que pour tirer de ceux qui m’y ont enfermé une prompte et terrible vengeance.

— Pauvre jeune homme ! reprit la dame avec un soupir. Vous vous méprenez sur ce que je suis ; et je vois que vous m’accusez au fond de votre cœur, pendant que mon désir le plus ardent est d’écarter de vous le danger terrible qui vous menace. N’avez-vous point compris à cette trappe et à ces barres de fer, que d’autres sont entrés ici avant vous et qu’une fois entré on n’en sort pas ? N’avez-vous point compris qu’il y va de votre vie ; et que si votre jeunesse ne m’avait émue et poussée malgré moi à la démarche que je fais en ce moment, déjà tout espoir aurait cessé pour vous et pour peux qui vous aiment ?

— Ah ça ! qui donc êtes-vous, s’écria Ben. J’avais cru jusqu’ici à une plaisanterie de très mauvais goût. Mais si vous le prenez sur ce ton, à nous deux alors ! Ah ! je suis tombé dans une caverne de brigands ! Ah ! vous êtes des assassins ! Ah ! vous voulez du drame ! Eh bien va pour le drame !

Alors Bon, avec une énergie qu’on n’aurait pas attendue de son jeune âge et de sa taille frêle s’élança sur la femme, la saisit à la gorge et la serra avec force jusqu’à ce qu’elle perdit connaissance ; puis, s’emparant de son trousseau de clefs, il se dirigea vers la porte qu’il ferma à double tour et descendit rapidement l’escalier.

Au moment où il atteignait la porte de sortie, un homme, évidemment le Cerbère de cette demeure maudite se précipita au devant de lui en criant :

— Où allez-vous ? on ne sort pas !

Au même moment, on entendit au premier étage des cris qui prouvaient que la dame enfermée par Ben, commençait à reprendre connaissance.