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conduite à tenir. Puis il finit par conclure que le temps ne lui permettait de continuer à courir après Lafortune.

Ma foi, tant pis, se dit-il, si j’y allais, j’arriverais trop tard !

Il se rendit donc aussitôt au palais de justice, y fit sa déposition et en sortit bientôt après avoir, obtenu un triple mandat et le concoure de deux agents. Ce fut fait sans difficulté ; car Ben était connu du juge, pour avoir déjà pris part à quelques-unes des affaires auxquelles Lafortune avait été mêlé.

Ils partirent tous les trois dans la direction de Longueuil.

Chemin faisant, Ben raconta aux agents son histoire, sans omettre sa dernière aventure ; et enfin il leur expliqua qu’ils se rendaient ensemble de ce pas à Longueuil afin d’y pincer Cynthia ; puis ensuite, de là, il fallait revenir à la petite mai son d’Hochelaga, où Félix et Simon s’étaient donnés rendez-vous.

Quand il eut fini son discours, l’un des deux agents s’écria :

— En voilà un petit blanc bec ! Il n’y a plus d’enfant, parole d’honneur ! sa moustache n’est pas encore poussée que ça vous dégotte des vieux de la vieille, comme nous ! Continue mon gaillard, t’iras loin, c’est moi qui te le dis !

— C’est égal, tout de même, exclama le second agent ; faut vraiment qu’il ait le nez diablement fin ; car ce n’est pas une aventure ordinaire. Voilà-t-il assez longtemps que les journaux en parlent de cette affaire ; et personne n’était capable de rien trouver !

Nos trois hommes prirent le bateau et débarquèrent enfin à Longueuil.

Ben était sur les épines. Il craignait toujours d’arriver trop tard, et l’impatience du succès commençait à l’énerver. S’il avait pu aider le bateau à marcher plus vite, il l’eut fait de tout son cœur.

Enfin, on débarqua ; et Ben, escorté de ses deux agents, se dirigea vers là maison de Félix.

Ils arrivèrent au bout de quelques minutes.

— Voilà la cage, leur dit-il, j’espère que nous n’arrivons pas trop tard et que l’oiseau ne se sera pas envolé.

Il montra alors à ses deux compagnons l’endroit où il avait, grimpé l’autre soir, au risque de se casser le cou, et d’où il