Page:Wanda - La femme au doigt coupé, 1886.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jarrets, baissa avec une rapidité extraordinaire : et en même temps, il aperçut une lueur qui semblait venir d’au-dessous du sol. Il se dirigea de ce côté ; et il reconnut avec ébahissement la cause de la cessation de l’inondation.

Il y avait, dans cette cave, un énorme trou d’écoulement des eaux, destiné sans doute à combattre les inondations annuelles. Ce trou, qui communiquait avec la cour voisine, avait sans doute été bouché ; mais sous la violente poussée de l’eau, il s’était subitement trouvé dégagé, et il absorbait l’eau avec une rapidité extraordinaire.

Après l’avoir examiné attentivement, Ben s’assura qu’il pouvait facilement laisser passes un homme, lui surtout, qui était fort mince. Il ne fit donc ni un ni deux et se laissa glisser, en retenant sa respiration.

Heureusement pour lui, le trajet fut court ; car il eut été suffoqué. Il glissait, aidé par l’eau qui lui coulait sur la tête, et le poussait dehors. Quelques secondes s’écoulèrent, et il échoua sur le pavé d’une cour.

Il se releva aussitôt et constata qu’il était tout trempé, et dans un état de saleté épouvantable. Sans prendre le temps d’inspecter les lieux, il chercha une issue, ce qui lui fut facile. La cour était ouverte sur le fleuve. Il s’élança dehors et suivit le bord de l’eau, pendant quelques temps ; puis, apercevant une voiture, il héla le cocher et se précipita immédiatement dedans, au grand mécontentement de ce dernier. Mais Ben, sans écouter ses plaintes ni son effroi pour la propreté de sa voiture, lui expliqua qu’il venait de tomber à l’eau et se fit immédiatement conduire chez lui, afin de se changer.

Il avait bien perdu une heure et demie ; mais il était libre et sain et sauf.

CHAPITRE XIV
LE DOIGT COUPÉ

Aussitôt sa toilette achevée, Ben délibéra un instant sur la