Page:Wash Irving voyage dans les prairies.djvu/217

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seules armes dont je me fusse pourvu ; mais avant que je me trouvasse en position d’effectuer mon dessein, l’animal gagna le pied d’une colline rocailleuse couverte de chênes noirs et d’épines, et s’enfonça, en brisant tous les obstacles, dans un taillis si épais et sur un terrain si dangereux qu’il y aurait eu de la folie à le suivre.

La chasse m’avait séparé de mes compagnons, et il me fallut un peu de temps pour retrouver leurs traces. Tandis que je montais lentement une colline, une belle jument noire vint folâtrer autour du sommet, et se trouva tout près de moi avant de m’avoir aperçu. En me voyant, elle recula, et se retournant à l’instant, descendit rapidement dans la vallée, et monta la colline opposée avec la crinière et la queue flottantes, et des mouvemens aussi libres que l’air. Je la regardai tant qu’elle fut à la portée de ma vue, souhaitant du fond de mon cœur que ce noble animal ne tombât jamais sous le joug dégradant du fouet et du mors, et continuât d’errer sans entraves parmi les Prairies.