Page:Waters - Les hommes du jour Sir John A. Macdonald, 1890.djvu/14

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haut degré, loin de là, que comme l’homme d’État ; et pourtant Vivian Grey, et encore plus Contarini Fleming occupent une place d’honneur dans les annales de la littérature anglaise. Publier un livre n’est pas un effort si colossal, après tout, de notre temps où le découpage et les citations jouent un si grand rôle à l’insu d’un nombre de personnes considérable, mais moins nombreux de jour en jour. Si Sir John Macdonald écrivait un livre, ce livre serait, sans doute, digne de son génie ; je n’ai jamais entendu dire qu’il ait eu la pensée de devenir auteur. Il est cependant si bien doué, qu’il ne serait pas étonnant de le voir un jour surprendre le monde, au déclin de sa vie, par une œuvre remarquable, tout comme un certain Caton, non étranger à la célébrité, commença à étudier le grec à l’âge de quatre-vingts ans. Sir John a été toute sa vie un homme à surprises et un fidèle croyant aux doctrines de Disraeli, dont l’une par excellence est la suivante : « Ce n’est pas assez de gouverner les hommes : il faut encore les étonner. »

L’âge ne semble pas affecter Sir John. Un jour, à un pique-nique où il faisait une allusion à la possibilité de sa mort prochaine, un rude paysan lui cria : « John A., vous ne mourrez jamais ! » Ce mot peut être donné comme le pendant de l’anecdote qui suit. Un Anglais exprimait l’espoir que son fils pourrait entendre Gladstone « avant sa mort. » Son interlocuteur lui répliquait que le chef libéral était en parfaite santé et qu’il n’y avait aucune probabilité qu’il mourût avant longtemps. « Oh ! reprit le premier, je ne parle pas de la mort de Gladstone, mais de celle de mon fils. » Puissent le vaillant ami de la cause irlandaise et Sir John Macdonald, qui, tous deux, ont eu le privilège d’être appelés « Our grand old man » par leur nation respective, être conservés longtemps à l’admiration et à l’affection de leurs compatriotes !

Sir John Macdonald et Lord Beaconsfield ont tous deux étudié le droit ; mais ce dernier n’a jamais exercé. Aucun d’eux n’était bien jeune à son entrée dans la carrière législative. En 1837, quand Disraeli fut élu pour représenter le bourg de Maidstone, il avait trente-deux ans. Aux jours de Cicéron, cet âge formait partie de la première jeunesse politique ; mais le monde a marché depuis cette époque.

Illium fuit et ingens gloria Tencrorum.