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nation. Sir John Macdonald, que personne ne surpasse dans la connaissance de la nature humaine, se faisait un plaisir de répéter, aux « pique-niques » et aux assemblées politiques, avec cette bonne humeur qui le caractérise, que, si le peuple lui en donnait la chance, grâce à la protection, il lui donnerait de bonnes récoltes. Le peuple lui remit le pouvoir et Dieu donna de bonnes récoltes au pays. Dès lors, on associa le gouvernement de Sir John à la prospérité générale. Ce fut le cas de dire : « Post hoc, ergo propter hoc, » et : « Rien ne réussit comme le succès. » Toutefois il ne faut pas croire que ce succès était sans mérite. Quelle que soit l’appréciation que l’on fasse de la politique nationale, Sir John eut le crédit d’avoir hardiment proclamé le remède qui devait mettre fin à la crise que l’on venait de traverser.

En 1846, l’Angleterre avait adopté une politique nationale qui s’imposait au suffrage du peuple anglais. Ce qui était bon pour la mère-patrie ne devait pas nécessairement l’être pour le reste du monde, quoi qu’en disent les économistes anglais, qui prétendent le contraire. Le commerce colonial a été fortement retardé par ce changement de politique en 1846, et l’Angleterre n’aurait pu raisonnablement se plaindre que le Canada prît sa revanche, lorsqu’il était presque unanime sur les moyens à adopter pour assurer sa prospérité.

Sir John monta au pouvoir, poussé par le flot populaire que souleva le souffle de son génie. Il y est resté depuis et y semble installé pour longtemps, car les années ne l’affaiblissent pas et l’habitude n’enfante pas la monotonie dans son administration.

Lorsqu’il forma son gouvernement, en 1878, le premier ministre prit le porte-feuille de l’intérieur, qu’il garda jusqu’au 18 octobre 1883. Il devint alors président du Conseil et céda la lourde administration de l’intérieur à l’honorable Sir David Macpherson, à qui succéda l’honorable Thomas White, le plus infatigable des ministres et le plus loyal des hommes, mort si prématurément. Depuis l’automne dernier, octobre 1889, Sir John occupe la position de ministre des chemins de fer et remplit assidûment les absorbantes fonctions de ce ministère.

Un des traits les plus frappants de l’habileté de Sir John se trouve dans le choix de ses collègues, hommes admirablement doués pour