Page:Waters - Les hommes du jour Sir John A. Macdonald, 1890.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La conférence de Charlottetown, en 1864, fut suivie de la fameuse conférence de Québec, tenue dans la même année, et dans laquelle on fixa la base d’une union entre toutes les possessions anglaises du continent américain. La première avait eu pour résultat d’unir les provinces maritimes dans le sens qui prévalut à celle de Québec.

Dès lors, la Confédération était assurée. La conférence coloniale de Londres, dont Sir John fut le président, après avoir été délégué aux deux autres, siégeait en 1866-67 quand la puissance du Canada reçut du parlement anglais sa charte et sa constitution dans la forme du célèbre « Acte de l’Amérique Britannique du Nord. » Le fait que Sir John fut appelé à former le premier gouvernement de la Confédération, en 1867, prouve qu’on le regardait à bon droit comme ayant pris la part la plus active et le plus d’initiative pour amener ensemble, dans un tout compact, les faibles provinces anglaises éparses sur ce continent. Le premier ministre s’attribua le portefeuille qu’il semblait affectionner davantage, celui de procureur-général, plus hautement désigné sous le titre de ministère de la justice.

Chose singulière : Sir John n’aurait pu perdre le pouvoir dans un temps plus favorable à ses intérêts politiques qu’à l’automne de 1873, lors de sa démission sur l’affaire du Pacifique. C’était au début d’une crise financière terrible, dont le Canada devait souffrir profondément et qui paralysa le commerce et l’industrie d’une grande partie du monde. Notre position, à nous Canadiens, était encore assombrie par une succession de mauvaises récoltes dont l’effet rendait plus intenses les anxiétés causées par cette dépression universelle et plus amères les luttes entre les partis politiques. Le parti libéral, qui avait certainement des titres à l’administration des affaires publiques, n’aurait pu monter au pouvoir dans des circonstances plus fatalement désavantageuses. Le ministère de l’agriculture était impuissant à faire pousser de bonnes récoltes. Personne n’était assez naïf pour supposer que le gouvernement Mackenzie était capable de faire la pluie et le beau temps ; et cependant, est-ce perversité de la nature humaine, est-ce un étrange désir de contradiction et de l’âme, la grande partie des électeurs associait l’administration fédérale à la rareté de l’argent, aux bas prix, aux pauvres moissons, aux sombres perspectives et à la mauvaise humeur de la