Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/116

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le nid de l'aigle, que tu pourras lire après tes deux chapitres.

« Je suis dans un nid de colombe, pensa Gillian, j’en aimerais mieux un d’aigle. »

Elle fit le tour de la petite chambre austère. Trois versets de l’Écriture, une petite fille avec un cygne, des chatons dans un panier, le tout encadré dans du carton ; un écran divertissant fait de cartes de Noël ; un papier de tenture à roses bleues, une tablette de livres avec Le point du jour, une Bible, un Compagnon des dames qui avait appartenu à sa grand’mère et avait toujours été considéré comme un précieux trésor, car son grand-père avait « visé haut » pour prendre femme et avait épousé la maîtresse d’école du Donjon Mallard. Il y avait aussi des volumes reliés du Quiver (Le Carquois) des années soixante-dix, et Gillian pensa qu’elle y trouverait des lectures intéressantes. Ce qui la séduisait surtout, c’était la table à coiffer, qui portait une série de boîtes et de coupes en porcelaine, décorées de fleurs supra-terrestres, et un baguier dans lequel Gillian était supposée déposer des bijoux, si elle en avait eu. Elle regarda ses doigts bruns et nus. Comme elle était encore loin de ce jour désiré où elle se tiendrait devant un brillant auditoire, des bagues de toutes couleurs sur ses mains blanches, et le ravirait par son chant. Enfin, elle avait déjà fait un pas vers le but. Mais était-ce bien sûr ? Contemplant ces murs garnis d’images, écoutant le silence que rompaient seulement de lentes sonneries d’horloges, elle perçut soudain dans un éclair qu’elle était plus loin ici de ses rêves qu’aux Gwlfas. Elle se rendit compte que le domicile n’est rien, ou du moins bien peu de chose. La visite de sa tante Émilie à Londres l’aidait à le comprendre. Quand celle-ci était allée à Londres, elle en avait été en réalité plus