Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/122

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pouvait lui procurer les joies du cœur ou lui faire subir les tortures de l’enfer.

Elle lui avait jeté un penny et, sans trouble, inconsciente, elle s’accrocha au cou le cœur de cornaline et descendit vivement faire les rôties.

— Puis-je bien apprendre le piano, ma tante ?

— Oui. J’ai pensé que tu ferais pas mal de profiter de l’occasion. Le temps perdu se paye en enfer : il ne faut jamais en gâcher. Si la pauvre Émilie avait appris la musique, elle aurait, j’en suis sûre, fait de grandes choses en ce monde.

— Puis-je commencer aujourd’hui ?

— J’y penserai.

— Qui me donnera des leçons, tante ?

— Il y a une charmante femme…

— Une femme !

— Tu cries comme si on te brûlait, Juliana.

Gillian se pencha sur la rôtie. Ces rêves d’un jeune organiste au teint pâle, aux cheveux flottants et aux doigts fins, qui s’éprendrait d’elle mais qu’elle dédaignerait, où étaient-ils ?

— C’est une cousine de M. Gentil : ils sont d’une famille très douée.

Gillian alla donc avec sa tante, après le petit déjeuner, prendre sa première leçon. Quand elle se fût promenée dans le marché, qu’elle eût regardé les boutiques et aidé sa tante à faire des chaussons aux pommes et qu’elle eût dîné, elle commença à attendre avec impatience le soir et M. Gentil. Ce serait tout au moins quelqu’un sur qui faire un essai. Elle monta dans sa chambre mettre une blouse rose pour le thé. On allumait les becs de gaz et le crépuscule se teintait de violet. Elle avait lu jusqu’à la couverture le Magazine de la paroisse et fait des gammes. Elle redescendit