Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/14

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inséparable de l’esprit religieux. Je dis religieux, bien entendu, et non confessionnel. Il paraît chaque année un grand nombre de romans catholiques absolument dépouillés de toute vie profondément religieuse. La pratique d’un certain nombre d’exercices pieux n’est pas fatalement liée à la vue vraiment élevée de l’homme, et l’on pourrait facilement admettre que le roman finira le jour où l’individu sera arrivé à une sorte d’athéisme absolu. Jour d’ailleurs à peu près impossible, car la cervelle humaine est essentiellement déifère et l’on ne peut prévoir qu’elle finisse un jour par cesser de créer des mythes.

Toute la pensée britannique a été influencée d’une manière absolue par le fait que la grande traduction classique de la Bible est une œuvre d’une beauté littéraire exceptionnelle. Tous les Anglais que j’ai consultés là-dessus ont été unanimes à me dire qu’il devaient à cette Bible leur sens de la poésie. Il s’y mêle certainement un secret accord de la race et du climat. Quoi qu’il en soit, il faut bien admettre que c’est la lecture de la Bible qui donne à toute la bonne littérature anglaise une sorte d’air de famille et qui fait que chez Mary Webb on trouve des accents qui semblent empruntés aux écrivains du XVIe siècle. Que l’on lise Sarn, Le Poids des Ombres, Sept pour un secret…, ou les autres romans de Mme Mary Webb, on a la même impression, qui est d’échapper au temps. Ses livres pourraient se passer au XVIIe siècle ou en 1830, comme aujourd’hui. Et je pense que l’on pourra les lire également pendant plusieurs siècles, parce qu’ils n’ont rien de ces modes qui écaillent si