Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/144

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— Ma foi, Dieu me damne, dit Robert, c’est drôle : on conduit demain la pauvre Mme Thatcher au cimetière et Le Repos de la Sirène sera à louer.

Le Repos de la Sirène ? C’est pour sûr la vieille auberge sur la route de la Croix-des-PIeurs au Donjon Mallard ?

— Tout juste.

— J’y suis passé une fois, je me le rappelle bien. J’y ai bu une pinte. Une bizarre enseigne marine… est-ce qu’on ne l’appelle pas La Femme Nue ?

— Oui.

— C’est un cabaret pour les copains, pour sûr.

— Oh, il n’en vient pas beaucoup.

— Je pourrais marchander un peu pour le prix, hein ?

— Pour le loyer, probable ?

— Non, je ne loue pas, j’achète.

— Vous l’aurez pour un morceau de pain.

— Merci du renseignement. J’y prendrai un verre ce soir, si on veut me recevoir.

— Trop contents, je pense, si ça ne vous fait rien qu’il y ait une morte dans la maison.

— Un cadavre ? fit le marchand en riant. Non, les moutons morts ne bêlent plus. Puis-je vous accompagner quand vous partirez ?

Robert lui plaisait, pourquoi, il n’aurait su le dire. Peut-être était-ce une certaine simplicité en lui qui donnait une impression — tout à fait fausse — de crédulité, de facilité à se laisser manœuvrer. Peut-être était-ce la même chose qui poussait le cob à se frotter les naseaux contre le manteau du jeune berger. Quoi qu’il en fût, Robert lui plaisait bien plus qu’il n’attirait Robert.

— Je ne rentrerai que tard dans la nuit, dit celui-ci.