Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/145

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N’aimeriez-vous pas mieux prendre les devants ? Le temps va changer probablement d’ici minuit.

— Non, j’attendrai. Je n’aime pas faire des milles et des milles sans une âme à qui parler. J’attendrai à l’auberge à côté.

— Bon.

— Je m’appelle Elmer, Ralph Elmer.

— Et moi Robert Rideout.

Un peu plus tard, quand Gruffydd eût été chercher sa harpe dans le coin de la cuisine où elle était soigneusement enveloppée, il dit :

— Des rogatons, voilà ce qu’il vend ; et voici ce qu’il est : un pas grand’chose.

Robert, qui avait l’impression de subir l’influence qui agit sur des gens même moins sensibles que lui quand ils sont en présence d’une forte personnalité, approuva ce jugement et se le grava dans la mémoire, puis, quand retentirent les premiers accords et que la grande voix de Gruffydd remplit le cottage de sa mâle douceur, sévère et gracieuse, irrésistible, il oublia tout le reste.

Ce n’est que quand leur entretien fut terminé et que les poèmes, qui l’illustraient comme exemples, eurent résonné avec une douce monotonie dans l’obscurité qu’éclairait le feu et se furent tus que Robert eut une pensée à donner à autre chose dans le ciel ou sur la terre.

Alors la femme de Gruffydd entra, circulant sans bruit de la cuisine au petit salon — où on avait allumé du feu en l’honneur de l’après-midi du samedi et de Robert — avec son plateau chargé de porcelaines bleues, d’un gros pain bis et d’un pot de miel en terre brune entouré d’osier, et Robert songea à l’heure.

— Il faut que vous mangiez un morceau, dit Gruffydd, car s’il y a un effet que me produisent la musique et