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Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/152

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deux, trois mois… Voyez-la un lundi à la lessive, voyez-la avec un enfant. Écoutez-la marchander à la foire, appelez-la pour la tirer du lit de bonne heure, et, si elle pique une colère, laissez-la pour compte.

Robert, debout près de la forme voilée de la parfaite épouse, voyait, évoquée par l’amour dans la pièce fermée qui sentait la mort, Gillian la désirée, la rayonnante, Gillian dont la joue flambait, dont l’œil étincelait, dont la gorge… ah, il ne fallait pas penser à cela ! — Gillian. qui n’aurait répondu à aucune de ces exigences.

— Je vais aller chercher pour vous le souper de M. Elmer, si vous voulez, dit-il avec empressement ; et je voudrais pouvoir faire plus. Inutile de baisser votre prix, ajouta-t-il, il a le moyen de payer ce qu’il désire.

Elmer, assis sur un coin du banc fumait devant le feu qui se mourait. Robert apporta un fagot et la flamme ronfla dans la vaste cheminée, ensuite il aida Thatcher à se faire un lit par terre au premier étage, puis, ouvrant l’énorme armoire de chêne foncé qui remplissait une niche de la cuisine, il en tira un repas rustique. Elmer n’était pas difficile : il vidait verre sur verre du whisky assez faible, jetant sur toute la pièce des regards appréciateurs, remarquant les mesures d’étain qui garnissaient le dressoir, le four à pain en briques, placé dans un angle, les placards, les solides poutres encrassées de suie.

— Il soufflera quelques tempêtes avant que la baraque soit démolie, fit-il en retirant sa pipe de sa bouche pour cracher dans le feu.

— Ah, elle n’a pas été construite pour un jour.

— Qui est-ce qui fréquente surtout ici ?

— Deux ou trois clients qui viennent pour les foires et les marchés, un pasteur qui vient dîner le dimanche,