Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/153

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puis des gens de deux fermes par là, le soir, ainsi que mon beau-père et moi, et de temps à autre un roulier qui charroie de la chaux ou autre marchandise du Donjon, des Bohémiens, un ou deux colporteurs et, les vendredis, un messager : c’est tout, que je sache.

— Mais dans l’ancien temps, ç’a dû être une maison bien achalandée ?

— Ah pour sûr. Tout le monde alors voyageait par la route, et c’était à vingt milles de toute habitation, à part notre ferme. Il y avait un tas de gens qui venaient, dans ce temps-là, la diligence deux trois jours par semaine et des messagers, et des couples en escapade, et Dieu sait quoi encore… des voleurs de grand chemin qu’on y voyait aussi. On avait la cave et le garde-manger toujours pleins. Le grand-père de notre maître disait que c’était un spectacle à voir quand, par une nuit froide, le patron, les servantes et les garçons sortaient pour recevoir la diligence. Ils entendaient la trompe sonner à travers la lande, la voiture arrivait à toute allure et alors, c’en était un remue-ménage ! Il fallait réchauffer et restaurer tout le monde.

— Et alors l’argent dansait ferme, je parie, dit Elmer. Mais j’aurais envie de voir si je ne pourrais pas faire quelques affaires, quoique ces temps-là soient passés. Ruth pourrait faire la barmaid et Fringal surveillerait tout quand je serais absent.

— De qui parlez-vous ?

— Ruth, c’est ma femme de charge et Fringal mon garçon.

— Alors vous seriez trois pour chasser les fantômes.

— Justement.

— Et quand vous vous marierez…

— Ça, jamais.

— Je pensais que vous pourriez avoir quelqu’un