Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/174

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tous les trois seraient enfermés la nuit dans cette maison lugubre, lui donnait positivement la chair de poule,

— Y a-t-il de la vaisselle, demanda-t-il, une théière et des tasses ?

— Pourquoi diable ?

— Je ferais une tasse de thé, dit Robert, avec la nuance de mauvaise humeur que trahissait toujours malgré lui sa voix quand il parlait à Elmer.

— Faites-en faire une à Ruth, c’est plus naturel, répliqua Elmer. Elle est là pour travailler.

— Je m’en garderais bien.

Mais l’ironie de Robert fut perdue pour Elmer, occupé à décharger des caisses que Fringal portait dans la maison. Robert y entra également.

Ruth à genoux devant la plus grande caisse se battait furieusement, bien qu’avec calme, contre la grosse corde. Elle avait ôté son manteau, que Mme Makepeace n’aurait pas manqué d’appeler une pelure galloise, et ses minces épaules pointaient sous une robe fanée en coton imprimé.

— Laissez-moi faire ça pour vous, dit Robert, vos bras sont comme des allumettes, ma pauvre enfant Elle lâcha la corde et regarda les mains du jeune homme déjà à l’ouvrage avec maîtrise. Elle se rejeta en arrière, croisant ses petites mains rudes, tandis que son chapeau extravagant dégouttait sur ses épaules, et elle leva lentement les yeux des mains de Robert sur sa figure. La caisse était ouverte.

— Là, voilà justement ce que je cherchais ; maintenant que nous avons un peu d’ustensiles, nous sommes chez nous, ma fille.

Robert prenait ce ton léger pour dissimuler le désir de pleurer presque intolérable que lui inspirait cette malheureuse créature. Il n’avait encore jamais éprouvé cela à ce point. La terrible étreinte de