Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/187

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En attendant, « les idées de son papa » étaient assez penaudes lorsqu’il entra, sa casquette à la main, dans le bureau d’Isaïe.

— Je voudrais encore un jour de liberté, s’il vous plaît, monsieur.

— Encore un ?

— Oui.

— Toujours pour la musique ?

— Non, monsieur.

— Alors pour quoi ?

— Une affaire personnelle.

— Oh ! Isaïe l’observait. Vous n’allez pas vous marier ?

— Pas encore, dit posément Robert, et il ajouta dans le secret de son cœur : « pas jusqu’au jour où j’épouserai votre fille, Monsieur Lovekin. »

— Et si je disais non ?

— J’irais sans permission.

— Et si je vous donnais congé ?

— Si vous voulez. Je pense que je pourrais mener la charrue pour d’autres comme je l’ai fait pour vous.

— Mais vous voulez vous absenter demain ?

— Oui.

Et tout à coup, saisissant l’ironie de la situation, Robert se mit à rire. Il allait sauver la fille de Lovekin de ce que celui-ci estimerait pire que la mort (« car elle sera sur le trottoir dans huit jours, si elle s’en va à Londres comme ça, la pauvre petite innocente », se disait-il), et Isaïe le menaçait de le congédier ! Il ne pouvait rien dire, premièrement parce que, si Isaïe savait que sa fille avait projeté de le tromper, il ne le lui pardonnerait jamais, secondement parce que lui, Robert, ne pouvait guère dévoiler son procédé pour recevoir des renseignements particulier.