Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/209

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diable-là sait monter. Je lui rabattrai six pence par tête de mouton pour le plaisir qu’il vient de me faire. S’il recommence souvent, je ne serais pas étonné qu’il fasse des affaires d’or. S’il revient à la même allure, je Laisse encore de six pence ; Dieu me damne si je m’en dédis !

Elmer revint à une allure encore plus folle si possible et Isaïe rit en dedans, tout en gémissant : « Mais quel dommage que Gillian ne l’ait pas vu ! »

Néanmoins Gillian l'avait vu, car, entendant un grand bruit, elle avait regardé par la fenêtre de l’étable qui donnait sur la route, et elle avait aperçu Elmer passant comme une flèche, rougi par l’air vif, et doué par elle de l’éternelle jeunesse des héros de romans, volant comme l’éclair devant sa prison de paille.

Elle entendit le tintamarre de son retour à temps pour le contempler plus longuement. Et il se produisit exactement ce qu’avait espéré Elmer. Elle fut éblouie, bouleversée, grisée par sa hardiesse, sa fierté si vivante, par sa rude beauté physique, et se mit à rêver au dimanche suivant. Il était heureux qu’elle eût fini sa croix, car ses pensées ne quittèrent plus Le repos de la Sirène jusqu’à la minute où Robert vint la délivrer.

— Avez-vous vu ? demanda-t-elle.

— Vu quoi ?

— Mais Ralph Elmer, galopant sur le chemin, comme un cow-boy du Far West.

— Oui, je l’ai vu, et il ne m’a pas épaté.

— Vous n’en feriez pas autant.

— Pensez-vous ?

— La croix est-elle bien ? Je ne peux pas faire mieux.

— Je trouve que vous avez pas mal réussi, dit-il les yeux fixés sur les mains écorchées de Gillian.

Un