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Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/210

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désir insurmontable de les couvrir de baisers le rendait brusque, mais quand Gillian fut partie, il ramassa quelques fleurs d’épine et d’ajonc tombées à terre et les mit sans sa poche.

Quand Isaïe, après le thé, fit un tour dans le verger, il entendit soudain, de l’autre côté de l’épaisse haie, un autre tintamarre, et regarda par un trou.

— Eh bien, Dieu me pardonne ! marmotta-t-il en étouffant un éclat de rire, car c’était Robert qui, monté à cru sur le cheval de voiture, un trois ans, galopait, comme avait fait Elmer, à croire qu’il avait un ennemi à ses trousses.

— Ma foi il a autant de cran que l’autre. Qu’est-ce qui leur prend à ces garçons ? C'est le printemps. Oui, oui, nous savons qu’il brûle le sang. Je me souviens que j’aurais fait tout pareil si j’y avais pensé. Tenez, le voilà qui revient, un second tour. Dieu de Dieu, s’il me claque ce poulain-là, je le lui fais payer jusqu’au dernier liard. Encore un tour ! Qu’il travaille aussi dur qu’il s’amuse, et je serai riche en un rien de temps. Je voudrais les voir tous les deux aux prises… ma foi, je me demande si Bob n’est pas le meilleur, mais mieux vaut que Gillian ne s’en doute pas.

Il s’éloigna avec précaution, préférant que Robert ne sache pas qu’on l’avait observé. Plus tard, à l’écurie, il le trouva en train de faire le pansage du poulain.

— On dirait qu’il a eu chaud, fit-il. Il était en sueur ?

— Un peu.

— Un chien dans le pré ?

— Pas que je sache.

— Faut qu’il ait galopé comme un fou pour suer comme ça.

— Ça leur arrive, par ces soirs de printemps.

— Parbleu oui, acquiesça le maître, et en s’en allant