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Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/275

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SEPT POUR UN SECRET…

— Mais que peut acquérir l’amour ?

— Tout ce que je possède,

— Oh, monsieur Elmer !

— Vous êtes une fleur, un oiseau, un papillon, dit Elmer, sur des tons différents, et il lui donna un baiser.

Ainsi avec des baisers et de brusques étreintes, avec des badinages et de longs silences passionnés, ils arrivèrent aux plateaux ravissants et aux rapides descentes de la lande. Ils traversèrent des régions vertes et d’autres brunes, ils franchirent les terrains proches et atteignirent les lointains violets qui fondaient devant eux et devenaient le voisinage immédiat. Puis ils virent à une grande distance, derrière un voile de pluie, le petit clocher brillant, les toits bas et luisants — rouges, bruns et bleus — les bouquets d’arbres à moitié feuillus, les meules récentes, les champs de pommiers verts de la Croix-des-Pleurs. Ils les contemplèrent. Pour elle, c’était le site d’un jour de fête, un endroit pour y rire et y dîner, pour tirer sur des noix de coco et admirer des bœufs gras, acheter un souvenir de la foire et s’en retourner. C’était un endroit qu’elle aurait aimé par-dessus tout voir en compagnie de Robert, mais, puisque c’était impossible, elle aimait presque autant le visiter avec Elmer.

Pour celui-ci, c’était un endroit sans aucun intérêt jusqu’à la tombée de la nuit, et pourtant toute sa vie avait pour centre des villages de ce genre en ces jours-là. Il se moquait pas mal de perdre autant de bonnes occasions qu’il y avait de minutes dans la journée, pourvu que celle-ci s’écoulât rapidement. Fringal lui avait dit qu’il devrait ramener une vache, la quantité de lait baissait,… une bonne vache, il pourrait en avoir une pour pas cher. N’avait-il pas donné sa meilleure au vieux Lovekin ? « Si vous attendez un peu, lui avait