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Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/292

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SEPT POUR UN SECRET…

Lentement elle leva la tête, les yeux. Il était là, Robert, l’homme qu’elle aimait, les épaules un peu tombantes, la main tranquillement posée sur les rênes, la bouche, pour une fois, dure et sévère, et, de ses yeux profondément enfoncés, regardant, scrutant, perçant à jour son être le plus intime. Un amour rencontrait l’autre, l’amour renié, abandonné, rencontrait l’amour vagabond, désespéré et inondé de larmes.

Il avait tout vu, il était au courant des baisers, des épaules nues, de l’accouplement des corps sans amour,… de la honte.

Avec un cri d’angoisse, elle se couvrit la figure et se retourna pour fuir.

— Non, Gillian, il faut d’abord me répondre.

Elle obéit et s’arrêta.

— Est-ce Elmer qui vous a obligée à rester ?

Il y eut un long silence. Les légers souffles de vent passaient dans les feuilles à demi ouvertes du marronnier qui se dressait dans le jardin de l’auberge. Sur sa plus haute branche, un merle chantait avec langueur. On eût dit qu’il faisait passer toute la vie au creuset de son chant et lui donnait de la douceur. Le bourdonnement des voix leur arrivait par la fenêtre, la jument remuait et soupirait. Dans le lointain, se faisait entendre le roulement des voitures des Bohémiens qui partaient ; le lierre bruissait sur la maison, la terre et l’air semblaient attendre un verdict. Alors, avec la rapide intuition de l’amour, Gillian comprit le dessein de Robert. Si elle affirmait que c’était Elmer qui l’avait forcée à rester, elle prononçait la sentence de mort des deux rivaux. Si elle disait qu’elle avait voulu rester… qu’en résulterait-il ? Simplement que Robert croirait pour toujours qu’elle aimait Elmer et ne lui parlerait, ni ne la regarderait plus : elle serait la femme d’Elmer. Maintenant