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Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/301

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SEPT POUR UN SECRET…

avec ce garçon, tu sais mieux que personne pourquoi. À présent, pas de jérémiades. Achète tout ce que tu voudras, demande ce qui te plaît, mais il faut que tu sois Mme Elmer de lundi en trois semaines.

— Oh, je ne peux pas, je ne peux pas !

— Taratata. Tu ne veux pas avoir un « enfant d’orge[1] », hein ?

— Père, je ne l’aime pas.

— Alors, pourquoi lui as-tu donné ta virginité, mauvaise petite gueuse ? Et il se dirigeait vers la porte. Avec ou sans ta permission, ça se fera. Je t’engage donc à faire bonne figure et à acheter des falbalas. Demain je te mènerai à Silverton pour commander le gâteau du mariage et la robe de noce, mais plus de simagrées, compris ?

Gillian comprenait. Elle voyait où l’avaient menée la curiosité, la jeunesse et son sang chaud, et elle restait là, comme une fleur qui se fane, pendant qu’Isaïe montait dans sa charrette et s’éloignait, quand Elmer eut promis de le suivre de près. D’un air languissant, quand il vint la prendre dans ses bras, quand il lui baisa les pieds, les chevilles, les genoux, quand il la tint par la taille, serrée contre lui, et lui renversa la tête et l’embrassa sous le menton jusqu’à ce qu’il lui semblât que son dos allait se briser, d’un air languissant elle le supporta, comme absente. Robert en partant ne lui avait pas jeté un coup d’œil : sombre, distant, il avait regardé au loin. Elle était la propriété de Ralph Elmer. Elle n’avait personne à qui recourir. Elle avait trois semaines à rester chez elle, mais ensuite, il l’emmènerait à son auberge, et personne, ni son père, ni sa tante Fanteague,

  1. Enfant d’orge, c’est-à-dire un enfant né quelques mois après le mariage, dans le temps qui s’écoule entre les semailles et la récolte de l’orge. (Note de l’auteur.)