Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
285
SEPT POUR UN SECRET…

Et mon mal s’appelle pauvreté, et c’est la couche où croît la fierté.

— Parlez-moi doucement, Robert.

— Je n’y ai jamais manqué.

— De qui vient ce piano, Robert ?

— Comment le saurais-je ? Est-ce à moi de le demander ? Que suis-je ? dit-il avec un accent de profonde amertume.

— Ce que vous êtes ? Vous êtes Robert Rideout, et il n’y a pas votre pareil au monde… pour le mauvais caractère, se hâta-t-elle d’ajouter. Je vous serais obligée de regarder l’étiquette d’envoi, Bob, afin que je sache à qui envoyer des remercîments.

Il fit semblant de chercher activement l’étiquette, mais soudain, tandis qu’il était toujours à genoux, Gillian vint se mettre tout contre lui.

— Regardez-moi un peu, Bob, dit-elle.

Il leva sur elle ses yeux sombres et brillants, et elle posa légèrement les mains sur ses épaules.

— Allons, Robert, il vient de vous… vous ne pouvez pas le nier. Regardez-moi en face et dites « non » ; je vous en défie !

Dans un silence douloureux, il la dévisagea, et la vérité se lisait nettement dans ses yeux, dans la rougeur qui montait lentement sous son hâle.

— Qu’est-ce qui vous a fait supposer que ce présent venait de moi ?

— Parce que personne d’autre au monde n’aurait pensé à ça, Robert. Et je ne peux pas assez vous remercier, Bob.

— Je n’ai pas besoin de remercîments.

— Robert, vous avez dépensé jusqu’au dernier penny toutes les économies que vous aviez pu faire depuis l’âge de douze ans.