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Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/332

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SEPT POUR UN SECRET…

charrette, pourquoi, il n’aurait su le dire, car il ne savait rien de précis contre lui. Le fait que Ruth était la fille de Johnson ne signifiait pas nécessairement qu’Elmer était un misérable. Mais cela prouvait probablement qu’il y en avait un, et Robert entendait bien découvrir le mystère.

C’était vers la mi-octobre, le jour d’une vente de moutons. Ralph attendait dans la cuisine, qui servait à la fois de vestibule et de bar, l’arrivée d’Isaïe et de Robert. Gillian, appuyée à la table, brossait consciencieusement le chapeau de son mari, mais, tout en passant énergiquement la brosse tout autour, elle projetait pour elle-même et pour Ruth un jour de fête — jour qui commencerait par une longue, secrète et bien douce contemplation de Robert, pendant que Ralph s’affairerait pour son départ, un regard jeté sur son ami vêtu de son plus beau costume (qu’elle aimait non parce que c’était sa tenue habillée, mais parce que le gris en faisait ressortir le feu de ses yeux gris), avec son chapeau au cordon enroulé autour de la calotte, et la plume fabriquée par lui — et qui avait maintenant écrit plusieurs lettres importantes — passée dans le ruban sur le côté, pour le cas où il aurait à signer un papier dans une transaction. Il y avait aussi dans sa poche de poitrine le mouchoir pareil à celui que possédait Ruth, et puis ses chaussures neuves, un peu moins épaisses et moins lourdes que les autres, et moins pesamment garnies de fer. Enfin, il y avait, bien entendu, le visage de Robert, ce visage brun et maigre, aux traits pleins de gaîté, de pensée et d’énergie, aux sourcils en brosse qui avaient presque l’air de se soulever comme des ailes, aux cils bien fournis sous lesquels les yeux regardaient comme en embuscade, indomptés, mystérieux, pleins de vie, de questions et de dons, que les moindres