Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/37

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— Et quel besoin avez-vous d’apprendre la musique ?

— Je veux chanter et jouer de la harpe d’or comme ce grand homme à l’assemblée des bardes. (Eistedford.)

— Et puis après ?

— Alors je m’achèterai de l’étoffe rouge pour m’en faire une robe, je mettrai la harpe dans la voiture à côté de ma tante Fanteague, et j’irai dans le monde jouer devant le public et le faire pleurer.

— Pourquoi pleurer ?

— Parce que les gens n’aiment pas pleurer devant une effrontée. Même aux assemblées de « Réveils », ils ne pleurent que quand les prédicateurs crient à tue-tête et que les textes les frappent, pan-pan, pan-pan, et les étourdissent. Si on réussit à les faire pleurer quand ils ne voudraient pas, on sait qu’on a du pouvoir sur eux.

— Vous êtes une drôle de fille.

— D’où avez-vous tiré cette chanson que vous m’avez apprise hier ?

— De l’arc-en-ciel.

— Est-ce vous qui l’avez composée ?

— Est-ce moi qui ai fait la lune ?

— Quand vous ne voulez pas dire une chose, vous ne voulez pas. Vous avez une tête de mule, Bob Rideout

— Je suis comme on m’a fait.

— Tant pis pour vous, mais je vais la chanter.

 J’ai pris ma petite harpe dans ma main,
  J’ai été et venu dans le pays,
 De tous côtés pendant bien des années.
  Mais si loin que j’aie erré,
 Je n’ai pu trouver les sourires ou les pleurs
    de quelqu’un.
 Et tous les jours, dans le calme du soir,
   j’entendais un appel,
 Comme celui d’êtres criant dans la douleur :
   « Reviens à la maison. »