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Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/385

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SEPT POUR UN SECRET…

de ce meurtre, il contredisait sa nature, par conséquent il mentait, et, comme il avait horreur du mensonge, s’il le faisait, c’est qu’il avait pour cela une raison grave. Pour sauver… qui donc ? Fringal. Mais pourquoi aurait-il ce désir ? Il y en avait un autre… il y avait quelqu’un qui avait chuchoté dans son sommeil, qui avait affirmé à Gillian que Ruth était à la ferme de Dosset alors qu’elle était morte, qui lui avait prétendu que Ruth n’avait pas d’âme, qui avait été furieux de la voir écrire, qui était resté dehors toute l’après-midi, toute la soirée… avec son fusil.

« J’ai tué Ruth dans la petite friche… »

— C’est Ralph ! murmura Gillian, c’est Ralph ! Ô mon Dieu !

Et elle en revint à son raisonnement. L’horloge, de sa mince voix d’or, sonna très doucement sept heures moins le quart, mais Robert dormait trop profondément pour l’entendre.

— Continue à dormir ! Oh, continue à dormir ! murmura-t-elle, sur un ton qui ressemblait à une incantation.

On aurait dit un jeune marin plongé dans les flots verts, et elle, la véritable sirène de la légende, l’endormait par son charme magique.

Oui, c’était cela, ce devait être cela : Ralph avait un motif quelconque pour haïr Ruth, il ne lui parlait qu’avec animosité… Il avait par hasard trouvé Ruth dans la friche, il tenait son fusil à la main, et, cédant à la tentation, avait tiré. Et voilà maintenant que Robert, évidemment après de longues et angoissantes réflexions, voulait se tuer pour prendre la faute sur lui. Devant la raison du crime qu’il donnait dans sa lettre, Gillian, abaissant avec mépris les coins de sa bouche pensait : « Encore un mensonge… Une quantité de filles, je n’en