Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/88

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nul n’a révélé ». Il rumina : « Pas de raison pour que je ne sache pas qu’elle va bien et qu’elle a du bon temps. »

Et il écrivit une seconde lettre, adressée à :

Le Bohémien Johnson.
La Caravane, sur le champ de foire
à Silverton.

Le Bohémien Johnson allait au Pays de Galles en passant par Gwlfas tous les printemps et retournait en automne à Silverton, où il séjournait l’hiver. C’était un ami de Robert, qui entretenait avec pas mal de gens des amitiés silencieuses, solides et durables. Chaque printemps et chaque automne, Johnson et lui fumaient une pipe devant le feu des forains, parlant peu, ne posant guère de questions, mais se sentant en confiance mutuelle. Johnson n’ignorait pas grand chose de Silverton et de la région qui était son quartier général. Et puis il possédait la clef de cet étrange système de communications expresses qui, dans les pays peu habités, transmet les nouvelles presque aussi rapidement que le télégraphe, courant à travers une contrée comme un feu grégeois secret, Mercure de la démocratie. Sous sa surveillance, Gillian serait en sécurité. Le désir qui la tenait d’aller seule à Londres, Robert le savait, elle ne pourrait le réaliser sans que Johnson en fût informé. C’était une envie qu’il fallait traiter résolument, avait décidé Robert. Que pouvait l’autorité paternelle, ou les aphorismes des tantes, ou la molle réprobation d’un M. Gentil quand il s’agissait d’une fille comme Gillian ? Les lèvres de Robert prirent leur expression impérieuse et une lueur amusée brilla