Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/98

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— Ce sera un grand changement. Il y a bien long temps que Thatcher est là.

— Je me demande qui le remplacera ?

— Ah oui.

— Quelqu’un de jeune peut-être, qui recevra à Noël. J’aimerais bien aller à un thé de Noël à l’auberge.

— Ça vous arrivera sans doute un jour.

— Je voudrais savoir ce qu’a éprouvé Mme  Thatcher quand elle est venue à pied à travers la lande en robe de mariée, bras dessus bras dessous avec son époux, alors que les roses étaient en fleur, et personne que lui et elle dans cette grande baraque ? Et je me demande aussi ce que pensait M.  Thatcher.

— Je le devine assez bien.

— Dites-le.

— Je ne veux pas.

— Quel ton tranchant ! Vous devriez lire le livre sur les bonnes manières que m’a prêté ma tante. Il ne dit pas qu’on doive couper ses phrases comme des vers avec une bêche.

Elle tira son mouchoir et se mit à jouer avec. Il était bordé de dentelle et il en sortait des bouffées de parfum : tous ces raffinements défendus étaient intolérables pour Robert. Au haut de la longue route qui s’étendait en montagnes russes et descendait peu à peu du Repos de la Sirène jusqu’au Donjon Mallard, Robert arrêta court la jument.

— Écoutez, Gillian, assez de tout ça. Ne me parlez plus de baisers, de mariages et de Dieu sait quoi. La chair et le sang ne peuvent le supporter.

Gillian était rayonnante. Ainsi la chair et le sang ne pouvaient le supporter. Ah, ah ! il ne voulait pas l’embrasser, mais il la trouvait tout de même jolie. Il