SCÈNE IV
Un apparlcmeiii dans le palais du cardinal ei de Ferdinand.
Entrent LE CARDINAL, PESCARA, MALATESTA, RODERIGO
et GRISOLAN
Le cardinal. — Inutile de veiller cette nuit le prince, mon frère. Il est complètement rétabli...
MALATESTA. Mon bon seigneur, souffrez cependant que...
Le cardinal. — O, absolument pas... Vos allées et venues autour de lui l’affecteraient plus que l’isolement. Je vous en prie, que chacun se couche. Même, s’il lui arrivait, en proie à un nouvel accès, de crier et d’appeler, ne vous levez pas, je vous en supplie...
Pescara — Nous nous soumettrons à votre désir, Monseigneur...
Le cardinal. — Non, promettez-moi même sur l’honneur de ne pas intervenir. Le duc lui-même m’a chargé de vous faire prendre cet engagement. Il paraissait y attacher un prix extrême...
Pescara. — Eh bien, tous nous jurons de ne pas mettre le pied dans sa chambre. .
Le cardinal. — Vous répondez aussi de l’abstention de vos gens. .
MALATESTA. — C’est entendu...
Le cardinal. — Il se peut, lorsqu’il sera endormi, que je me lève moi-même pour éprouver votre parole, que j’imite quelques-unes de ses extravagances, et me mette à crier au secours et à me débattre comme si je courais un danger...
MALATESTA. — Maintenant que vous avez ma parole, dussiez-vous râler comme un égorgé je ne viendrais pas à votre aide.
Le cardinal. — A la bonne heure et merci. .le n’attendais pas moins de votre complaisance.
Grisolan. — Quel horrible temps il a fait ce soir...
RODERIGO. — La chambre du prince Ferdinand était secouée comme un panier...
MALATESTA. — Peuh ! Pure attention paternelle du diable : il berçait son fils. (Tous sortent, excepté le Cardinal.)
Le cardinal. — Je les ai éloignés du chevet de mon frère, afin de ne pas être dérangé lorsque je transporterai à minuit Julia dans son appartement. O ma conscience ! Je voudrais prier à présent ; mais au moment où je me recueille, le diable emporte mon cœur ! Bosola doit venir m’aider à me débarrasser de ce cadavre. La mort l’attend aussitôt qu’il m’aura rendu ce dernier service. iExit.)