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Page:Webster - La Duchesse de Malfi, 1893, trad. Eekhoud.djvu/79

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BOSOLA. — Je vous ai coupé toute retraite. Pas moyen de luir plus loin que la chambre de Julia.

Le cardinal. — A moi ! Au secours !

(Pescara, Malatesta, Roderigo et Grisolan apparaissent sur une terrasse au-dessus de l’appartement du cardinal.)

Malatesta. — Écoutez !

Le cardinal. — Mon duché pour qui me sauvera !

Roderigo. — La piteuse contrefaçon !

Malatesta. — Mais ce n’est pas la voix du cardinal.

Roderigo. — Oui, c’est lui-même. .. On peut l’étrangler, avant que je songe à descendre auprès de lui...

Le cardinal. — C’est un guet-apens... Il me tient, je suis perdu...

Grisolan. — Bien joué, mais nous sommes prévenus. Tout cela pour nous faire manquer à notre parole, hein ?

Le cardinal. — On me met l’épée sur la gorge...

Roderigo. — Tu ne crierais pas si fort !

Malatesta. — Allons, allons, retournons nous coucher. Il nous avait annoncé cette comédie...

Pescara. — En effet, lui-même nous a défendu de nous rendre à ses appels ; et pourtant, j’hésite à lui obéir, car les accents de sa voix trahissent plus qu’une détresse feinte... A tout hasard, je descends et vais même forcer sa porte. (Exit.)

Roderigo. — Suivons-le. Ne fût-ce que pour voir le cardinal se gausser de lui. (Exeunt Pescara, Malatesta, Roderigo et Grisolan.)

BosOLA. — A toi d’abord. Cela t’empêchera d’ouvrir à ceux qui viendraient à sa rescousse. (Il tue le domestique.)

Le cardinal. — Pourquoi en veux-tu à mes jours ?

BOSOLA. — Regarde...

Le cardinal. — Antonio !...

BosOLA. — Antonio, tué involontairement par moi. Fais ta prière, et promptement. En massacrant ta sœur, tu as dérobé à la justice sa balance et ne lui as laissé que son glaive.

Le cardinal. — O miséricorde !

BosOLA. — Ta superbe n’était donc qu’apparente, que tu t’abaisses avant que la calamité t’aie frappé. Ne perdons pas de temps. Tiens... (Il le frappe.)

Le cardinal. — Tu m’as blessé !

BosOLA — Encore ! (Il le frappe de nouveau.)

Le cardinal. — Je mourrai donc comme un lièvre, sans résistance... A moi, à moi, au secours ! On m’égorge...