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Tous les conflits graves entre pouvoir législatif et judiciaire sont arbitrés par référendum populaire.

Tous les conflits graves entre le pouvoir législatif et le gouvernement sont arbitrés par le pouvoir judiciaire.

(Les conflits entre le gouvernement et le pouvoir judiciaire sont, le cas échéant, arbitrés par le pouvoir législatif.)

Tous les vingt ans, le peuple est invité à dire par référendum s’il pense que — relativement à l’imperfection des choses humaines — la vie publique est satisfaisante. Le référendum est précédé d’une longue période de réflexion et de discussion, où toute propagande est interdite sous peine des châtiments les plus graves.

Si le peuple répond : non, le Président de la République tombe automatiquement, et se trouve automatiquement soumis jusqu’à la mort à une dégradation sociale dont on fixerait les modalités. Notamment, pendant un délai de quelques mois, n’importe qui peut l’accuser de fautes commises pendant sa gestion devant un tribunal spécial habilité notamment pour le condamner à mort.

Le Premier Ministre, au bout de ses cinq ans de gestion — s’il les a traversés sans trouble — passe automatiquement devant la Haute Cour de Justice pour en rendre compte. Elle peut connaître tous les documents, interroger tous les témoins, et elle est libre de donner une appréciation.


Tout cela a l’air fantaisiste, mais ne l’est pas.

Le plus difficile serait d’imaginer le régime de transition avant que de telles mœurs puissent s’installer.