Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/99

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L’initiative privée occupe dans la vie du pays, et dans tous les domaines, la plus large place possible ; mais avec répression pénale toutes les fois qu’elle n’est pas orientée vers le bien public.

Les normes doivent être élaborées dans tous les cas particuliers par de petits groupes d’hommes spécialement chargés de ce travail, et doivent être l’objet d’un accord des trois pouvoirs (mais le pouvoir législatif doit avoir le dernier mot dans ce domaine).

Le gouvernement s’occupe du strict minimum ; de tout ce qu’il est absolument impossible de laisser à l’initiative privée.

Le pouvoir législatif veille à le restreindre à ce minimum.


Je verrais une Constitution du modèle suivant (mais elle ne serait applicable qu’après une ou deux générations, une fois formée une véritable magistrature, et il faudrait des modalités de transition).

La magistrature choisit dans son sein, parmi les hauts magistrats, un Président de la République. Il a particulièrement dans son domaine la surveillance du pouvoir judiciaire. Il est nommé à vie.

Il nomme un Premier Ministre — par exemple pour cinq ans. Au cours du troisième mois il a le droit de le révoquer pour incapacité. Après ce délai, ni lui ni personne ne peut le renverser. Mais le Président peut, ainsi que n’importe quel membre de la Chambre législative, le traduire en Haute Cour de Justice.

Le peuple désigne tous les cinq ans (par exemple) une Chambre législative. Tous ceux dont le mandat n’est pas renouvelé passent automatiquement devant un tribunal qui examine comment ils s’en sont acquittés et donne publiquement son appréciation. En plus de leur besogne législative, ils ont un double rôle d’information qui fait d’eux le lien entre le peuple et les rouages centraux de la vie publique.