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rant chaque être humain de chaleur, laisse autour de lui de l’espace et du silence.

La vie moderne est le contraire. Ex. : usine.

Insister sur la chaleur.

Collectif non susceptible de passer dans l’impersonnel. (Un groupe ne fait pas même une addition.) Mais peut recevoir la marque de l’impersonnel.

Répandre sur la vie collective elle-même une couleur de vie impersonnelle, c’est-à-dire de beauté.

Non la fausse imitation de beauté obtenue par les États totalitaires par l’impression de puissance, de force, de dynamisme.

Mais une beauté stable, en repos, à couleur d’éternité.

C’est là la fonction spéciale de la religion (expliquer comment).

Le christianisme a rempli cette fonction jusqu’au début du xiiie siècle. L’éclat du xiiie siècle lui-même est une survivance de la période antérieure.

En établissant l’Inquisition, le christianisme s’est condamné à n’être plus qu’un parti qui, comme tout parti, n’a que le choix entre devenir seul un régime totalitaire ou être un pion dans le jeu des luttes de partis.

L’Inquisition a disparu, mais l’effet est demeuré, et cela également dans les Églises dissidentes.

Il demeurera tant qu’une régénération intérieure n’aura pas fait évanouir la notion d’orthodoxie. Le Christ n’a pas dit : « Je suis l’orthodoxie. » Il a dit : « Je suis la vérité. »

Si cette régénération avait lieu, le christianisme pourrait accomplir son unique mission sociale, qui consiste à être, dans les pays de race blanche, l’inspiration centrale de tous les actes de la vie collective sans aucune exception.

Comment un être humain parvient-il à imposer au collectif la marque de l’impersonnel ?