Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/181

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Avec le système proposé[1], celui qui est sans argent a largement assez d’embêtements — sauf s’il a du vice. Alors il est puni.

(Système « on probation ».)

Le manque d’argent est regardé comme la douleur dans l’organisme : signe d’un désordre, qui peut être situé au même point que le signe ou en un autre point. Souvent, quand il y a mal de tête, c’est le foie qui est détraqué.

On a fait de l’argent un juge et un bourreau. On s’est aperçu que c’est un juge et bourreau injuste et cruel. Alors on ne veut plus qu’il soit comptable. Comme c’est bien raisonné !

Quant aux questions d’or et de papier, quel sens est-ce qu’elles ont toutes tant qu’on ne sait pas quel rôle on veut faire jouer à la monnaie ? C’est trop bête. Une fois la fonction de la monnaie clairement définie, il faut manier le métal et le papier de manière qu’elle la joue le mieux possible.



Garder la monnaie comme comptable. L’éliminer comme juge et bourreau.

Que jamais le manque d’argent ne soit une cause de souffrance, ni la possession de l’argent une cause de plaisir.

Si quelqu’un n’a pas d’argent, quelque chose ne colle pas.



Comme il ne peut être question de supprimer les différences de fortune, et que les petites différences empoisonnent autant que les grandes quand la pensée

  1. Il s’agit sans doute d’un rapport qu’on avait demandé à Simone Weil.