Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/185

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mais accrues. L’amour de la pauvreté n’est nullement ascétique ; il cueille et savoure dans leur plénitude toutes les joies, tous les plaisirs qui s’offrent. Saint François fut heureux, d’un bonheur parfaitement pur, le jour où son compagnon lui apporta plusieurs pains entiers qu’on lui avait donnés comme aumône, et où ils se mirent à manger près d’une fontaine aux eaux claires, sur une grande pierre plate, sous un beau soleil. À plus forte raison l’amour de la pauvreté incline-t-il pour les autres à soulager les souffrances, à procurer des joies. Il est même une condition pour que cette inclination soit entière. Chez celui qui est étranger à l’amour de la pauvreté, l’inclination à nourrir ceux qui ont faim est gênée par le sentiment d’une inconvenance, d’un manque de goût, dans le fait que des hommes ont faim. En temps normal du moins, cela ne se fait pas…