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Je ne vous développe pas cette pensée plus en détails, car je l’ai fait dans une autre lettre que j’ai confiée pour vous à un ami de ma famille qui part prochainement d’ici.

Il me semble que la première condition pour réaliser l’une ou l’autre de ces pensées est de passer de New York à Londres.

Je suppose que vous pouvez m’y aider. Je vous demande instamment votre appui. Je crois vraiment que je peux être utile. Et je fais appel à vous en tant que camarade pour me sortir de la situation morale par trop douloureuse où je me trouve.

Beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi cette situation morale est douloureuse ; mais vous le comprenez certainement. Nous avions beaucoup en commun, autrefois, au temps de nos études communes. J’ai éprouvé une véritable joie quand j’ai appris, en France, que vous avez à Londres une fonction importante.

Je compte sur vous avec confiance.

Bien amicalement à vous,
Simone Weil.




PROJET D’UNE FORMATION D’INFIRMIÈRES
DE PREMIÈRE LIGNE

Le projet qui suit a fait l’objet d’un rapport favorable de la Commission de l’Armée du Sénat au ministère de la Guerre, en France, en mai 1940. La rapidité des événements a mis tout essai d’application hors de question.

Ci-joint une lettre exprimant sur ce projet l’opinion de Joë Bousquet, ancien combattant de l’autre guerre et grand mutilé. Blessé à la colonne vertébrale en 1918, atteint de paraplégie à la suite de cette blessure, il n’a pas quitté son lit depuis lors. Son expérience de la guerre est beaucoup plus proche de lui que de ceux qui après 1918 ont repris une vie normale ; d’autre part son