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Évidemment une assez grande quantité de courage serait indispensable à ces femmes. Elles devraient avoir fait le sacrifice de leur vie. Il faut qu’elles soient prêtes à être toujours aux endroits les plus durs, à courir autant de danger ou davantage que ceux des soldats qui en courent le plus, et cela sans être soutenues par l’esprit offensif ; en se penchant au contraire sur les blessés et les mourants.

Mais si l’expérience réussissait, les avantages du succès seraient proportionnels à cette difficulté.

Cette difficulté est plus apparente que réelle, étant donné le petit nombre de ces volontaires, et surtout du premier noyau, qui, encore une fois, pourrait être inférieur à dix. Il est probable et presque sûr qu’on peut trouver sans peine dix femmes d’un courage suffisant.

Pour celles qui s’ajouteraient par la suite au noyau primitif, l’émulation serait un stimulant très fort.

Si au cours du premier essai on constatait chez ces femmes soit des défaillances sous le feu, soit une retenue insuffisante dans les rapports avec les soldats, il n’y aurait qu’à dissoudre la formation, renvoyer les femmes à l’arrière et renoncer à cette idée.

L’expérience ayant été faite à une échelle minuscule et sans publicité, l’inconvénient serait nul, excepté les pertes qui pourraient s’être produites.

Mais ces pertes seraient infimes, quant au nombre, à l’échelle de la guerre ; on peut dire négligeables. En fait, dans une opération de guerre, la mort de deux ou trois êtres humains est tenue pour un inconvénient presque nul.

Il n’y a d’une manière générale aucune raison de regarder la vie d’une femme, surtout si elle a passé la première jeunesse sans être épouse ni mère, comme plus précieuse que la vie d’un homme ; à plus forte raison si elle accepte le risque de mort. Il serait facile d’écarter d’un tel groupement les mères, les épouses et les jeunes filles au-dessous d’une certaine limite d’âge.

La question de la résistance physique est moins importante qu’il ne semble à première vue, même si cette formation est appelée à agir sous des climats très rudes, car étant donné la nature de la tâche il serait facile de lui assurer de longues et fréquentes périodes de repos. Ces femmes n’auraient pas à faire preuve d’une endurance continue comme c’est le cas des soldats. Il serait facile de proportionner leur effort à leurs possibilités.

Le caractère motorisé de la guerre moderne semble à première vue un obstacle ; mais à la réflexion les choses en sont au contraire probablement facilitées.

Quand l’infanterie est envoyée au feu en camions, il semble