Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/220

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Je suis déchirée de plus en plus cruellement jour après jour par le regret et le remords d’avoir été assez faible pour avoir suivi tes conseils il y a un an.

Quant à toi, si tu étais maintenant dans des conditions favorables au travail mathématique, je te conseillerais certainement de ne plus penser qu’aux mathématiques, et cela définitivement, si possible, jusqu’à la mort.

Remarque bien, d’ailleurs, que je n’ai jamais cessé de me féliciter d’avoir retraversé l’océan.

Quant à toi, j’ignore totalement, au cas où — moralement parlant — tu viendrais chez nous, ce qu’on ferait de toi. Sûrement pas un militaire, jusqu’à nouvel ordre, ou, plus exactement, un militaire en affectation. spéciale. Mais laquelle ? Je ne sais pas. Et où ? J’ignore…

Les B. sont charmants ; malheureusement je ne les ai vus qu’une fois. J’ai du travail, et, comme d’habitude, je suis trop fatiguée pour circuler dans les rues. Le trajet de chez moi à mon bureau et retour me suffit (N. B. — Il est très préférable que ceci ne tombe pas sous les yeux de tes parents, bien qu’ils aient l’habitude. Prendre précautions en conséquence.)

Londres est plein d’arbres fruitiers en fleurs.

Amitiés à Éveline, à Alain et à ma nièce. J’espère qu’elle continue à rire aux éclats.

Salut,
S. W.