Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/222

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J’ai reçu une lettre d’André, mais rien de vous ; je suppose qu’une lettre de vous s’est perdue.

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Inutile de vous dire combien je suis anxieuse d’avoir de vos nouvelles. Je me fais du mauvais sang à votre sujet, bien entendu. Je pense beaucoup à vous. Mais je suis infiniment et intégralement heureuse d’avoir retraversé l’océan. Seulement, jusqu’ici, je continue à regretter pour moi (vous, c’est une tout autre affaire) la décision prise par moi en mai dernier. André, dans sa lettre, m’interrogeait là-dessus : vous pouvez lui dire la réponse. Ce sentiment peut lui sembler bizarre, mais c’est ainsi.

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Le voyage a été agréable. Beaucoup de roulis, mais personne sur le bateau n’a eu le mal de mer. Quelques jours de froid intense, mais le bateau était chauffé. Aucun incident. Atmosphère morale agréable.

Inutile de dire que je suis déjà éprise de Londres. Je l’étais d’avance. Inutile aussi de dire que j’aime l’Angleterre. Je n’ai eu aucune déception, au contraire. (Je m’attendais aux quelques imperfections que j’ai eu l’occasion de constater jusqu’ici.)

Mme R. transmet ses amitiés. Les enfants aussi. W. est très mûr, et devenu très gentil.


(Ici un passage coupé par la censure.)


Mais n’y allez pas un jour de froid ni de pluie. Téléphonez d’abord.

Les perspectives de voyage pour vous ne semblent pas très brillantes jusqu’ici. Je ferai de mon mieux, cela va sans dire.

Your most loving,

Simone.