teurs inconnus. Mais je ne peux pas donner de détails. Les copains sont toujours aussi gentils que possible. Vous pouvez dire à A. qu’une partie des choses qu’on m’avait racontées, quand j’étais avec vous, sur les milieux d’ici est tout à fait fausse.
Les occasions et surtout le temps m’ont manqué jusqu’ici pour pénétrer beaucoup dans les milieux anglais, et je le regrette beaucoup. Je continue à jouir avec délices de l’atmosphère tout à fait particulière des pubs des quartiers ouvriers. Je passe aussi des heures le dimanche à Hyde Park, à regarder les gens qui écoutent les orateurs. Je suppose que c’est là le seul reste qui subsiste dans les pays de race blanche, et peut-être dans le monde, des discussions de l’Agora d’Athènes parmi lesquelles circulait Socrate. J’habite un quartier pauvre, une chambre bon marché (mais tout à fait satisfaisante et convenablement meublée). L’atmosphère de la maison où je vis, et surtout ma logeuse, une veuve d’instituteur qui est restée seule, sans métier et sans autres ressources qu’une petite maison, il y a dix ans, avec un garçon de quatre ans et un nouveau-né sur les bras — tout cela est du Dickens tout pur. On se rend compte qu’il a mis le menu peuple anglais dans ses livres exactement tel qu’il est. Le plus surprenant, c’est que c’est précisément le côté sentimental de ses livres, qui sonne si faux, qui est tout à fait conforme à la réalité. Cela m’a fait penser de nouveau qu’il en est ainsi pour tous ceux dont le génie n’égale pas celui d’Homère : quand ils peignent fidèlement la réalité, cela sonne faux.
J’ai vu Jacques. Il m’a dit que vous alliez bien, mais que vous êtes un peu cafardeux et que vous vous ennuyez. Je comprends qu’on soit malheureux, mais comment peut-on s’ennuyer ? Ne pouvez-vous penser à Krishna ? Mais j’espère que le printemps va vous